Le Ceraas est le résultat de l’engagement d’un institut national de recherche agricole (Isra), des instituts de recherche des pays membres du Coraf et de leurs partenaires bilatéraux, pour répondre aux enjeux de l’amélioration de la production agricole en conditions de sécheresse.

L’idée d’un centre spécialisé sur les questions de recherche associant des compétences en physiologie et en génétique est née en 1982 à partir d’une volonté commune à l’ISRA et ses partenaires ( Cirad, Universités Paris VII et Paris XII ) de développer des approches novatrices pour améliorer et stabiliser la production arachidière au Sénégal. Une équipe de recherche pluridisciplinaire a donc été créée. Assez rapidement (en 1987), le CORAF et l’ISRA offrent que l’expertise de cette équipe de recherche pluridisciplinaire soit élargie aux pays de la sous-région qui partage les mêmes problèmes.

Cette dynamique régionale a permis de mettre en exergue la nécessité de construire un centre ayant la capacité (i) d’accueillir des équipes de la sous-région , (ii) de fournir un outil scientifique performant l’autoritéune Institution de recherche du Sud n ‘avait les moyens financiers et humains de construire isolément . Cette nécessité a été matérialisée en 1989 par la création du CERAAS , centre national à vocation régionale spécialisée dans les recherches sur l’amélioration de l’adaptation des cultures à la sécheresse pour les équipes de recherche de la zone CORAF . En 1997, une nouvelle évolution majeure du CERAAS vu le jour sous l’impulsion del’ISRA , de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ( UCAD ) et l’École Normale Supérieure d’Agronomie ( ENSA ) qui avaient pour objectif d’investir sur le dispositif et l’expertise du CERAAS pour développer une formation diplômant dans les disciplines en lien avec l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse, ouverte à la sous-région. Pour intégrer cette nouvelle dimension, sous financement de l’Union Européenne, une structure a été construite de novo dans l’enceinte de l’ ENSA et entièrement équipée.

Dans cette nouvelle structure, avec un partenariat avec les Universités renforcées, le CERAAS une mis en œuvre un programme ambitieux de recherche et de formation avec pour corollaire une augmentation des accueils de stagiaires originaires des pays de la sous-région mais aussi des institutions de recherche du Nord et la création d’un Certificat d’Etudes Supérieures Spécialisées ( CESS ). En parallèle le CERAAS a évolué vers une nouvelle gouvernance avec entre une autre économie de gestion administrative et financière, la constitution d’un comité scientifique externe de pilotage et un effort de diversification de ses ressources pour assurer la pérennité de son budget et de son métabolisme de base.

Cependant le CERAAS a également été confronté à des défis importants au cours de son évolution. Ces défis étaient inhérents à la difficulté sur le long terme son métabolisé de base; les financements sur projets n’étant pas par essence pas durables voiture envisagée sur un temps court. Aussi, le CERAAS a été confronté à l’absence de mécanismes suffisamment attractifs pour maintenir sur le moyen terme et en nombre suffisant de chercheurs de la sous-région. En 2006, le CERAAS a connu des difficultés à assurer le financement de son métabolisme de base ce qui a eu pour conséquences une perte de son autonomie de gestion et une réorientation de ses activités de recherche vers les priorités nationales. Un nouvel élan avec le PPAAO / WAAPP: une construction régionale mieux réfléchie et partagée avec les autres pays, un partenariat plus dynamique.

L’Initiative régionale pour l’amélioration de la productivité agricole en Afrique / Programme multi-pays de productivité agricole africaine (MAAPP / IAPAA) a été développé au début des années 2000 par la Banque mondiale et le FARA pour l’opérationnaliser le PILIER IV du CAADP ( Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine ). L’objectif central du MAAPP est l’accès aux producteurs africains aux technologies dont ils ont besoin pour accroître leur productivité et leurs revenus par l’amélioration de la pertinence et de l’efficacité des systèmes de génération et de diffusion des technologies agricoles. Cette initiative a été efficace en Afrique de l’Ouest par le Programme de Productivité Agricole ( PPAAO ) soutenu dans le cadre d’un «Prêt programme adaptable ( APL )» de la Banque Mondiale, c’est-à-dire un programme se développant progressivement: plusieurs vagues de pays entrant successivement dans le programme et plusieurs phases de mise en œuvre pour un pays donné. Ainsi quatre phases du PPAAO / WAAPP ont été successivement lancées et 13 pays d’Afrique de l’Ouest bénéficiant actuellement.

Parmi ces 13 pays , 9 auraient d’un Centre National de Spécialisation ( CNS ) chargé de mener des recherches de pointe sur une (des) spéculation (s) donnée (s), choisie (s) par le pays et inscrite (s) dans les priorités régionales définies par le CORAF. Il est prévu que ces CNS évoluent vers les Centres Régionaux d’Excellence ( CRE ).
Un des faits remarquables de la construction régionale du PPAAO / WAAPP est que les pays ont accepté de rétrocéder au CORAF une partie ( entre 7 et 15% ) des crédits qu’ils ont reçus de la Banque mondiale et qu’ils souhaitent rembourser. Une seconde originalité repos sur le fait que pour chaque CNS, les priorités de recherche et la programmation des activités sont faites au niveau régional ce qui nécessite une meilleure prise en compte des problèmes des autres pays dans la recherche menée par le CNS . Enfin, la mobilité régionale est fortement encouragée ce qui permet aux pays de bénéficier d’expertises n’existant pas chez eux et de rapprocher des équipes de recherche qui demandent pas l’habitude de collaborer. On voit ici avec le programme PPAAO / WAAPP une meilleure compréhension de la recherche qui doit être menée à l’échelle régionale et une maturité des pays en AO pour son application.

Dans ce cadre conceptuel nouveau, le  CERAAS est le Centre National de Spécialisation pour les céréales sèches.  Il bénéficie d’un financement sur 10 ans initié depuis 2007 qui lui offre une meilleure stabilité en termes de financement de son métabolisme de base et de sa recherche ainsi que de meilleure visibilité en termes d’investissement et d’équipement. Par ailleurs, cette nouvelle dimension prix par le CERAAS lui a permis de dynamiser son partenariat tant au niveau national, aux niveaux régionaux et internationaux. Au niveau national, autour des projets de recherche financés par le CNS, il s’est développé de nouvelles collaborations qui associent les équipes de recherche assez éloignées du partenariat traditionnel du CERAAS.

Ceci ouvre de nouvelles perspectives en termes de mobilisation de compétences pour aborder des problèmes complexes nécessitant des approches multidisciplinaires. Au niveau régional, ce partenariat se matérialise par un plus grand flux de technologies entre le CERAAS et plusieurs SNRA de la sous-région. Au niveau international, le CERAAS est co-leader des projets fédérateurs sur les céréales sèches et les légumineuses.