Dans la commune de Ngoye, précisément à Ndimb, la réaction que suscite l’évocation de son nom renseigne sur le respect qu’elle y inspire. Maï Diouf, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est une femme influente et inspirante dans cette partie du département de Bambey. Elle tire sa renommée de son leadership dans les activités génératrices de revenus, particulièrement dans l’embouche bovine. Depuis trois ans qu’elle utilise la hache paille, elle est en train d’opérer une discrète révolution dans sa commune de plus de cinquante mille habitants. Elle y est même devenue une référence, tellement Madame s’épanouit dans l’exercice de cette activité qui lui procure aujourd’hui une relative indépendance financière.
En effet, Maï Diouf fait partie des premiers à s’approprier la hache paille qui lui permet d’améliorer la gestion de l’alimentation de son bétail. Son engagement, sa motivation et l’inspiration qu’elle procure font d’elle une leader reconnue au sein des femmes de la commune de Ngoye, notamment dans le Groupement « Gueume sa Bopp » fort de plus de 370 membres et de la coopérative d’élevage de la localité.
Depuis trois ans qu’elle utilise la hache paille, cette mère de famille voit l’avenir différemment. Elle a transformé l’embouche en une activité professionnelle.
Trouvée dans la grande concession familiale en compagnie de son époux en cette matinée de ramadan, cette mère de famille nous fait visiter les enclos où son bétail est en stabulation. De bonne mine, ses deux bœufs sont une « mine d’or » pour elle. « Le bétail est une ressource précieuse pour nous. Grâce à la hache paille que m’a offert le CERAAS de Thiès qui m’a aussi initiée au maniement de l’outil en 2021, j’ai amélioré ma technique d’embouche et limité les pertes de biomasse. Depuis, je réussis à emboucher plus d’une dizaine de têtes par an », confesse-t-elle avec un brin d’humour. Et non sans préciser qu’après trois à quatre mois d’embouche d’un bœuf acheté à 450 mille francs CFA, elle ne le vend pas à moins de 750 mille. Elle se retrouve ainsi avec une marge bénéficiaire assez consistante après déduction des frais liés à l’alimentation et aux soins vétérinaires.
Aujourd’hui, cette activité lui offre l’opportunité de revoir ses ambitions à la hausse. Non seulement elle parvient à prendre en charge les frais de scolarité de ses 3 enfants et les frais médicaux de la famille, mais elle a réussi, avec son mari, à construire un nouveau bâtiment dans la concession familiale. L’ambition en bandoulière, elle dit avoir acheté du ciment, du fer et du béton pour démarrer la construction d’un nouvel édifice.
« J’encourage les femmes de la commune à s’orienter vers des activités génératrices de revenus qui leur permettraient d’être autonomes face à certaines situations. L’agropastoralisme est un bon créneau si vous pratiquez l’embouche », lance Maï Diouf qui compte s’appuyer sur son leadership pour participer à la diffusion à grande échelle de cette technologie.
Seul bémol : le poids du hache-paille qui le rend difficilement transportable et le poids de la manivelle. Ce à quoi s’attèlent les artisans locaux pour l’adapter aux réalités et besoins des utilisateurs.