Les Parcs Technologiques de Méoaune, Daga Birame et Koumpentoum ont connu une augmentation spectaculaire des visites, grâce à l’initiative innovante « Kaay Ndékki » (viens prendre ton petit-déjeuner en wolof) introduite par le Dr Aliou Faye, Directeur du Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la Sécheresse (CERAAS).

À l’origine de cette initiative se trouve le projet Accélération des impacts de la recherche climatique du CGIAR pour l’Afrique (AICCRA), qui œuvre à créer un avenir africain intelligent face au climat en promouvant la science et l’innovation dans l’agriculture. Son objectif est de rendre les services d’information climatique et l’agriculture intelligente face au climat accessibles à des millions de petits agriculteurs en Afrique.

Au cœur de cette démarche, les chercheurs du Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la Sécheresse (CERAAS) de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) développent des technologies résilientes au changement climatique. Ces avancées scientifiques sont concrètement mises en œuvre dans des parcelles appelées « Parcs Technologiques. »

Dans ces parcs, les innovations technologiques sont comparées aux pratiques agricoles traditionnelles, offrant ainsi aux agriculteurs une opportunité unique d’évaluer et de comparer les performances des nouvelles variétés de cultures telles que le mil, le niébé et l’arachide par rapport aux variétés paysannes. L’objectif est de permettre aux agriculteurs d’observer les améliorations de rendement, notamment en termes de qualité, liées à l’utilisation de biomasses comme fourrage pour le bétail. Ces technologies, mises à la disposition des agriculteurs, ont engendré une augmentation significative des rendements.

AICCRA, dans son objectif de mise à l’échelle de ces innovations, multiplie les approches pour inciter les agriculteurs et agropasteurs à visiter les parcs technologiques. Parmi ces stratégies figure le concept « Kaay Ndékki ». 

« Cette approche novatrice consiste à offrir aux visiteurs, en particulier aux agriculteurs, un petit-déjeuner composé de café, de lait et de pain. Pendant ce moment convivial, les gestionnaires des parcs expliquent en détail le travail effectué, recueillent les impressions des visiteurs et partagent des informations sur les cultures » explique Dr Aliou Faye, Directeur du CERAAS.

Une initiative plutôt réussie, car d’après les responsables des parcs, les populations ont positivement apprécié l’approche. « J’avoue que moi-même, j’ai été surpris par l’engouement que cela a suscité », confirme Dr Faye.

Forte affluence dans les Tech Parcs

Avant le lancement du projet AICCRA, le CERAAS avait déjà établi des parcs technologiques dans diverses régions du Sénégal. Bien qu’il organisât des visites guidées pour offrir au grand public et aux chercheurs d’autres institutions l’opportunité de découvrir leurs activités, ces événements ne suscitaient malheureusement qu’une participation limitée du fait que les visites sont spécialement organisées à la maturité des cultures .

Le concept « Kaay Ndékki », organisé deux fois par semaine (Lundi et Jeudi), a ainsi considérablement augmenté la fréquentation des parcs, transformant les visites occasionnelles en un flux continu de visiteurs intéressés par les technologies climato-intelligentes développées par AICCRA. Grâce à cette initiative, les Techs Parcs sont devenus des hubs d’apprentissage et de partage, suscitant l’intérêt de chercheurs, de responsables territoriaux et de projets de développement. 

« Plus de quatre journées de visite ont été organisées au Tech Parc de Koumpentoum, avec la participation des responsables des six villages pilotes, regroupant des délégations allant jusqu’à 30 personnes, hommes et femmes inclus. Des visiteurs provenant de villages éloignés ont exprimé un vif intérêt pour le projet et sollicité son extension dans leur localité », selon Abdoulaye Diouf, gestionnaire du parc des technologies de Koumpentoun dans la région de Tambacounda.

À Kaffrine, une région située au centre-ouest du Sénégal, le village de Daga Birame a été parmi les premières localités à bénéficier des technologies climato-intelligentes générées par la recherche. Son parc est régulièrement cité en exemple de ce qui pourrait être réalisé pour aider les communautés à renforcer leur résilience face aux effets du changement climatique.

Au cours de l’année 2023, la mise en œuvre du concept novateur « Kaay Ndékki » a considérablement stimulé la fréquentation du parc. Ousmane Thiall, gestionnaire du Tech Park de Daga Birame, affirme : « Nous avons observé un regain d’enthousiasme pour la visite du parc suite à la mise en place de cette approche. Nous avons également accueilli de nombreux chercheurs intéressés par l’application des résultats de la recherche à l’agriculture. »

Tech Park de Méouane : épicentre de l’innovation agricole

Parmi les parcs promus par AICCRA, celui de Méouane, une commune située dans la région de Thiès, sort du lot. Dédié à l’agriculture et à l’élevage, il constitue l’exemple parfait de la pertinence du projet AICCRA grâce aux résultats obtenus par son gestionnaire Gora Samb.

« En un temps relativement court, des centaines de personnes issues de la commune de Méouane ont visité ces deux parcs. Parmi elles figuraient des producteurs locaux, des autorités territoriales telles que des agents municipaux et le sous-préfet, ainsi que des représentants des Services départementaux du développement rural (SDDR) ».

Des initiatives comme International Fertilizer Development Center (IFDC) et le projet Dundeel Souf, après une visite guidée du Tech Parc de Méouane, ont exprimé un vif intérêt pour le modèle développé par AICCRA.

Ousmane Sarr, responsable de Communication du Réseau des Organisations Paysannes et Pastorales du Sénégal (RESOPP), une organisation comptant plus de 50 000 membres, met en avant que dans le cadre du suivi des activités du projet Dundeel Souf, le DRDR, le RESOPP et une équipe technique de l’IFDC ont rendu visite à des producteurs de Méouane, notamment Gora Samb. Lors de cette visite, la délégation a été conviée à explorer le parc technologique de Méouane pour découvrir les innovations en cours. À l’issue de cette visite, l’équipe s’est dite pleinement satisfaite de la ferme pilote et a exprimé le souhait de s’en inspirer pour sa reproduction dans d’autres zones d’intervention du leur projet. L’IFDC a par ailleurs publié un article sur Facebook intitulé « Au cœur du Sénégal, Gora Sam réécrit l’histoire de la culture du «  In the heart of Senegal, Gora Sam is rewritting the story of millet farming”

Plus de 1000 visiteurs recensés, un chiffre record

En plus de l’initiative novatrice « Kaay Ndékki », AICCRA et ses partenaires ont également organisé des « journées paysannes/portes ouvertes » en 2022 et 2023 visant à évaluer les performances des innovations technologiques agricoles dans les parcs de démonstration de Méouane, Thiel, Daga Birame, et plus récemment Koumpetoum. Un chiffre record de plus de 1000 visiteurs a été enregistré lors de ces occasions uniques mettant en lumière les chaînes de valeurs Mil, Niébé, Arachide et Sorgho.

Le Dr Folorunso Akinseye de l’ICRISAT révèle que, sur la période 2022-2023, les journées paysannes ont attiré 850 visiteurs, dont 575 hommes et 275 femmes. Ces chiffres, bien que remarquables, n’incluent pas d’autres visites notables, comme la mission de la Banque Mondiale à Méouane en 2022 avec plus de 150 participants, et les visites quotidiennes organisées par les responsables des Tech Parcs.

Graphique : Nombre de participants aux journées paysannes autour des Tech-Parc en 2022 et 2023 selon le sexe

 Le projet AICCRA-Sénégal a récemment obtenu de la Banque mondiale un important financement pour dérouler sa phase additionnelle. Celle-ci mettra un accent particulier à la mise à l’échelle de ces différentes innovations au profit des agriculteurs et agropasteurs.

Le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) ainsi que d’autres institutions de recherches et des partenaires au développement vont également s’engager dans cette dynamique de mise à l’échelle de ces technologies par l’implantation de Tech Park dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.

 

Auteurs : Kim Ndiaye FALL et Racine KANE .

 

 

 

 

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